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Mélatonine et interactions médicamenteuses

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La mélatonine est une hormone naturellement sécrétée au niveau de l’épiphyse, petite glande située dans le cerveau. Elle est également produite, en plus faibles quantités, au niveau de la rétine, de l’intestin, de la peau, des plaquettes et de la moelle osseuse.1,2 La sécrétion de cette hormone, très faible pendant le jour, est surtout élevée durant la nuit, jusqu’à 10 fois supérieure. Le pic de sécrétion se situe vers 2h à 3h du matin. Le principal synchroniseur de sa production est le cycle lumière-obscurité1.

La propriété essentielle de la mélatonine est son effet inhibiteur sur l’horloge biologique ; c’est-à-dire qu’elle réduit l’état de vigilance, et par conséquence, augmente la somnolence et la tendance au sommeil. Cette hormone possède également d’autres propriétés physiologiques : modulation de l’humeur, du comportement sexuel ou du système immunitaire, régulation de la température corporelle ou de la pression artérielle.3

En France, en 2007, un médicament à base de mélatonine a obtenu une Autorisation de Mise sur le Marché (AMM). Ce produit n’est cependant indiqué que dans des indications limitées : chez l’adulte de plus de 55 ans, en monothérapie, pour le traitement de courte durée de l’insomnie primaire caractérisée par un sommeil de mauvaise qualité et chez l’enfant uniquement dans le cadre de Recommandations Temporaire d’Utilisation (RTU) dans des pathologies très ciblées*. La mélatonine peut également être utilisée dans la réalisation de préparations magistrales ou hospitalières mais elle est réservée aux patients ne pouvant recevoir la spécialité. Cette hormone est également intégrée à la composition de nombreux compléments alimentaires. La surveillance de la tolérance de ces compléments relève alors du dispositif de nutrivigilance de l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES).

Entre 1985 et décembre 2016, plus de 200 cas d’effets indésirables susceptibles d’être liés à la consommation de mélatonine ont été recueillis par l’ANSM. Les effets indésirables (EI) les plus rapportés étaient des effets :

  • Neurologiques (syncope, somnolence, céphalée, convulsion) pour 43 % des EI rapportés
  • Psychiatriques (anxiété, trouble dépressif) pour 24 % des EI rapportés
  • Dermatologiques (rash, éruption maculo-papuleuse) pour 19 % des EI rapportés
  • Gastroentérologiques (vomissement, constipation, pancréatite aiguë) pour 19 % des EI rapportés3

Le risque de survenue de ces effets indésirables peut être majoré par la prise concomitante de certains médicaments avec lesquels l’hormone peut interagir. Cette interaction peut se manifester soit :

-  En augmentant sa concentration sanguine :

Exemples de médicaments pouvant augmenter la concentration sanguine de mélatonine : la cimétidine, les antibiotiques de la famille des quinolones (ciprofloxacine, norfloxacine…), la fluvoxamine, la chlorpromazine, les contraceptifs et l’hormonothérapie de substitution à base d’œstrogènes.

-  En diminuant sa concentration sanguine :

Exemples de médicaments ou substances pouvant diminuer la concentration sanguine de mélatonine : la carbamazépine, la rifampicine, le tabac.4

Une interaction par effet additif d’un mécanisme d’action similaire entre la mélatonine et certains autres médicaments est également possible :

Ci-dessous quelques exemples :

  • Majoration des propriétés sédatives des benzodiazépines et autres hypnotiques (zolpidem, zopiclone). Un essai clinique a montré une altération accrue de l’attention, de la mémoire et de la coordination lors de l’administration concomitante de zolpidem et de mélatonine.
  • Majoration de la difficulté à effectuer des tâches lors de l’utilisation concomitante d’imipramine.4
  • Réduction de l’effet antihypertenseur de la nifédipine pouvant entraîner une perte de contrôle de l’hypertension.
  • Risque de potentialisation des effets antihypertenseurs de certains médicaments.
  • Risque de potentialisation des effets antiagrégants plaquettaires de l’aspirine ou des effets anticoagulants de la warfarine.
  • Diminution de l’efficacité de certains anti-inflammatoires tels que les corticoïdes.5

Du fait de son métabolisme, la mélatonine peut interagir avec de nombreux médicaments.

Aussi, si vous suivez un traitement, il est préférable d’éviter la prise de mélatonine, notamment au travers de compléments alimentaires en contenant, sans l’avis préalable d’un médecin ou d’un pharmacien.

 

*Circadin® (mélatonine) est indiqué :
- dans le cadre de son AMM, chez l’adulte de plus de 55 ans, en monothérapie, pour le traitement à court terme de l’insomnie primaire caractérisée par un sommeil de mauvaise qualité.
- dans le cadre d’une RTU, chez l’enfant d’âge compris entre 6 et 18 ans, pour le traitement des troubles du sommeil liés à un syndrome de Rett, un syndrome de Smith-Magenis, un syndrome d’Angelman, une sclérose tubéreuse ou à des troubles du spectre autistique.

Références :

  1. Touitou Y. Mélatonine : de la physiologie à la pathologie. EMC, Endocrinologie-Nutrition, 10-025-A-10, 2008.
  2. Singh M. et H. R. Jadhav. Melatonin: Functions and ligands. Drug Discovery Today 19(9):1410-1418.2014.
  3. ANSES. Avis de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail relatif aux risques liés à la consommation de compléments alimentaires contenant de la mélatonine. 23/02/2018.
  4. Ministère des Solidarités et de la Santé – Base de données publiques des médicaments. RCP du Circadin®.
  5. Sajith S.G. et Clarke D. Melatonin and sleep disorders associated with intellectual disability : a clinical review. Journal of Intellectual Disability Research. 51-Part I:2-13.2007.

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