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Benfluorex (Mediator) et hypertension artérielle pulmonaire toujours sous surveillance

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Le benfluorex, principe actif du Mediator®, est une molécule hypoglycémiante classée par l’OMS comme anorexigène. Jusqu’à son retrait du marché français en 2009, ce médicament était indiqué comme adjuvant du régime adapté chez les diabétiques avec surcharge pondérale(1). Cependant, il a été largement prescrit hors AMM en tant que traitement à visée amaigrissante en raison de ses propriétés coupe-faim. En un peu plus de 30 ans, en France, 5 millions de patients ont utilisé le benfluorex. 35 % des prescriptions étaient réalisées hors AMM(2).

L’arrêt de commercialisation de ce produit a fait suite à la mise en évidence des effets indésirables graves, potentiellement mortels, qu’il pouvait occasionner, en particulier des atteintes des valves mitrale et aortique et des hypertensions artérielles pulmonaires (HTAP).

Les valvulopathies observées sont la conséquence d’un épaississement et d’une rigidité valvulaire responsables de fuites de sang dans le ventricule ou l’oreillette gauches du cœur, sources de nombreuses complications cardiaques graves. Le seul traitement est la chirurgie cardiaque (changement de valve).

Les HTAP sont dues à la vasoconstriction des artères des poumons. Ce rétrécissement, à l’origine d’une élévation anormale de la pression sanguine dans les artères pulmonaires, peut provoquer à terme une insuffisance cardiaque droite. Il s’agit d’une maladie rare mais  très grave pour laquelle des médicaments sont disponibles.

C’est précisément la survenue de ces HTAP médicamenteuses que l’Agence nationale du médicament (ANSM) a voulu continuer à surveiller. En 2011 l’ANSM a mis en place une enquête de pharmacovigilance afin de poursuivre la caractérisation du risque spécifique d’HTAP. Depuis, six rapports ont été présentés au Comité scientifique permanent de l’Agence. Il en est ressorti que les caractéristiques des nouveaux cas d’HTAP ne sont pas différentes de ce qui avait été déjà documenté.

Pourtant, 15 ans après l’interdiction du benfluorex, de nouveaux cas continuent d’être rapportés. Le dernier rapport d’enquête de pharmacovigilance (2020-2023) précise que le délai entre le début de l’exposition et le diagnostic augmente, avec un délai médian de 16 ans. Par ailleurs, la plupart des nouveaux cas ont été déclarés au système de pharmacovigilance plusieurs mois, voire plusieurs années, après le diagnostic, le délai médian étant de 29 mois.

Aujourd’hui encore, le lien entre le diagnostic de ces pathologies et une ancienne exposition au benfluorex est possible et les patients peuvent, le cas échéant, faire une déclaration de pharmacovigilance. Si l’enquête de pharmacovigilance sur les HTAP a été close, le suivi des effets indésirables du benfluorex se poursuit.

 

(1) Dans un premier temps le Mediator avait été indiqué comme « Adjuvant du régime adapté dans les hypertriglycéridémies », cette indication ayant été retirée en 2007.

(2) Source : URCAM de Bourgogne, citée dans la revue Prescrire, janvier 1999.

 

Pour aller plus loin :

Benfluorex : conclusions du rapport 2020-2023 de surveillance des cas d’hypertension artérielle pulmonaire - ANSM, 30/01/2025.

Rapport d’expertise n° 6

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