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Hyperplasies gingivales iatrogènes médicamenteuses

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L’hyperplasie gingivale inflammatoire est une hypertrophie des gencives due à une multiplication anormale des cellules, accompagnée de rougeurs et de saignements. Elle peut causer des douleurs, de la gêne, un excès de plaque dentaire et une halitose. Ses conséquences sur la mastication, l’élocution et l’esthétique peuvent entrainer une détérioration importante de la qualité de vie du patient.


Les causes de l’hyperplasie gingivale

De nombreux facteurs peuvent favoriser sa survenue. C’est le plus souvent une mauvaise hygiène buccale permettant la prolifération des bactéries. Mais bien d’autres situations peuvent jouer une rôle dans son apparition : le diabète, la maladie de Crohn, le VIH, la leucémie, l’anémie, les hémopathies, une prothèse dentaire inadaptée, la grossesse, une carence en vitamine C ou encore la consommation d’alcool ou de tabac.

L’hyperplasie gingivale peut également être due à un traitement médicamenteux. Trois catégories de médicament sont, en effet, connues pour être potentiellement responsables d’hyperplasies gingivales : les inhibiteurs calciques, les immunosuppresseurs (ciclosporine A) et les anticonvulsivants.


Hyperplasies gingivales d’origine médicamenteuse

  • Les inhibiteurs calciques

Les inhibiteurs calciques sont indiqués dans le traitement de l’hypertension artérielle, de l’angor et du syndrome de Raynaud. Ils agissent au niveau des canaux calciques voltage-dépendants. En bloquant l’entrée du calcium dans les cellules cardiaques et artérielles, ils favorisent leur relaxation, la diminution de la pression artérielle et l’oxygénation du cœur.

La Nifédipine ainsi que d’autres produits de la même famille comme l’amlodipine (Amlor®), la félodipine (Flodil®) ou la nicardipine (Loxen®), peuvent occasionner une hypertrophie gingivale. L’inflammation induite par ces médicaments reste modérée, mais présente cependant un caractère hémorragique important. Elle apparaît 2 à 4 mois après l’initiation du traitement et disparait en moins de 3 mois après son arrêt. Elle est considérée comme un effet indésirable non grave.

  • La ciclosporine A

La ciclosporine A (Neoral®, Sandimmun®) est utilisée pour prévenir le rejet de greffe d’organe ou de moelle osseuse. Elle réduit la production par les lymphocytes T4 de l’interleukine 2 impliquée dans l’activation des cellules immunitaires. La ciclosporine A est également indiquée dans le traitement de la polyarthrite rhumatoïde, du syndrome néphrotique, de l’uvéite ou des formes sévères de psoriasis et de dermatite atopique (eczéma).

L’hyperplasie gingivale est fréquemment associée à la prise de ciclosporine A (de moins de 30 % des cas chez les adultes jusqu’à 70 % chez les enfants). Elle peut survenir dans les 3 à 4 mois après le début du traitement. Polylobée et inflammatoire, elle atteint essentiellement les papilles interdentaires et son intensité est dose-dépendante.

  • Le diphénylhydantoïne de soude

Le diphénylhydantoïne (Di-Hydan®, Dilantin®) est un régulateur de la conduction nerveuse indiqué dans le traitement des crises d’épilepsie. Il est utilisé pour sa capacité à empêcher les décharges répétitives et prolongées.

L’inflammation des gencives est une conséquence très fréquente de son utilisation. Elle se développe entre les dents et est dépendante de la dose et de la durée du traitement. L’atteinte gingivale apparaît 2 à 3 semaines après les premières prises. Elle peut croître progressivement pendant 1 an avant de se stabiliser. Après l’arrêt du traitement, elle régresse partiellement en 4 mois.


Conduite à tenir

En présence d’une hyperplasie gingivale d’origine médicamenteuse, il convient d’en informer votre médecin qui, le cas échéant, pourra substituer le médicament en cause par un autre médicament.

Si nécessaire, la mise en place d’une thérapeutique parodontale non chirurgicale permettra de réduire l’inflammation.

Une intervention chirurgicale peut être envisagée si l’hypertrophie est invalidante et persistante.

 

En savoir plus :

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