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Médicaments et canicule

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Lors d’une canicule, les principales populations vulnérables sont les personnes âgées, les nourrissons et les enfants, les personnes atteintes d’une pathologie chronique sévère nécessitant un traitement médicamenteux, les personnes en perte d’autonomie et isolées.

L’exposition à de fortes chaleurs, y compris la nuit, constitue une agression pour l’organisme. Parmi les complications les plus graves peuvent survenir une déshydratation, marquée par une perte d’eau et de sels minéraux ; un coup de chaleur, marqué par une fièvre, une rougeur, des maux de tête, des vomissements, et parfois des troubles  de la conscience ; un épuisement ; l’aggravation d’une maladie ; une modification de la tolérance aux médicaments.

Quelques exemples de médicaments nécessitants une vigilance accrue lors d’une vague de chaleur(1)(2):

  • Les diurétiques, médicaments utilisés pour augmenter l’élimination d’eau par les reins, peuvent aggraver la déshydratation.
  • Les neuroleptiques, médicaments utilisés dans le traitement de certains troubles psychiatriques ou du comportement se manifestant notamment par une ‘’perte de contact avec la réalité’’, peuvent dérègler la capacité du cerveau à donner l’ordre de réguler la température de l’organisme.
  • Les anti-inflammatoires non stéroïdiens, comme l’ibuprofène, le diclofénac, l’aspirine par exemple, certains traitements de l’hypertension, peuvent gêner le fonctionnement normal des reins en cas de déshydratation, et diminuer les capacités d’élimination rénale d’autres médicaments comme les antiépileptiques, devenant alors toxiques.
  • Certains antimigraineux dits vasoconstricteurs, réduisant le diamètre des vaisseaux sanguins dans le traitement de migraines dues à une vasodilatation des vaisseaux du cerveau, peuvent également empêcher la dilatation des vaisseaux de la peau, et ainsi entraver une bonne élimination de la chaleur corporelle par transpiration.
  • Certains traitements de la dépression, de la maladie de Parkinson, de l’incontinence urinaire, de l’allergie, peuvent aussi réduire le phénomène de transpiration.
  • Les tranquillisants et sédatifs peuvent altérer la vigilance, et ainsi diminuer les facultés de défense d’un individu contre la chaleur.


Il convient de souligner qu’en cas de coup de chaleur, le paracétamol est inefficace(1).

Dans la plupart des cas, un médicament ne représente pas, à lui tout seul un risque, surtout si il est bien utilisé. D’autres facteurs de risque, comme la maladie et le grand âge, doivent être pris en considération. En aucun cas lors d’une canicule, il n’est justifié d’envisager d’emblée et systématiquement une diminution ou un arrêt des médicaments pouvant interagir avec l’adaptation de l’organisme à la chaleur. C’est au cas par cas, qu’il revient au médecin traitant d’évaluer toute modification du traitement(1).

La personne âgée est particulièrement à risque en cas de vague de chaleur(3). En plus de la fragilité liée aux maladies chroniques multiples, à la poly-médication c’est-à-dire l’association de plusieurs traitements pour traiter plusieurs maladies, et à la perte d’autonomie ; elle présente une capacité réduite d’adaptation à la chaleur, caractérisée par une réduction de la perception de chaleur, de la capacité de transpiration, de la sensation de soif. La déshydratation aggrave encore plus les capacités d’élimination rénale, déjà altérées chez la personne âgée.

D’une manière générale, en période de canicule, il convient de boire régulièrement, de se protéger du soleil et de la chaleur, de se rafraîchir par tout moyen approprié (douche, bain, ventilateur, climatisation).


Conservation des médicaments en cas de vague de chaleur(1) :

Les médicaments sans mention particulière de conservation, ne craignent pas une exposition aux températures élevées telles qu’observées pendant les périodes de canicule. Les laboratoires pharmaceutiques doivent démontrer, pendant les essais sur les médicaments, l’absence de dégradation après exposition pendant 6 mois à une température de 40°C(1).

Les médicaments indiquant une conservation inférieure à 25°C ou 30°C résistent à un dépassement ponctuel de ces températures, de quelques jours à quelques semaines.

Les médicaments devant être conservés entre +2°C et +8°C, résistent à un bref séjour hors du réfrigérateur. Les pharmacies peuvent proposer des pochettes isothermes pour le transport de ces médicaments sensibles.

D’une manière générale, éviter absolument de laisser tout médicament à l’intérieur d’une voiture exposée en plein soleil. Tout séjour, même bref,  à des températures dépassant  40°C, expose un médicament à une dégradation irréversible de sa qualité et de son efficacité.

En cas de doute, n’hésitez pas à interroger votre centre régional de pharmacovigilance : il peut vous conseiller sur le bon usage des médicaments.


Références :
(1) - ANSM, Bon usage des médicaments en cas de vague de chaleur, juin 2014.
(2) - ANSM, Vous et votre traitement en cas de vague de chaleur, juillet 2012.
(3) - INPES, Fortes chaleur, prévenir les risques sanitaires chez la personne âgée, mai 2007.

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