Modalité d’utilisation du Paxlovid dans le traitement de la Covid-19
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En janvier 2022, l’antiviral Paxlovid® avait obtenu une autorisation d’accès précoce (AAP) afin de renforcer l’arsenal thérapeutique existant pour lutter contre la forte circulation du SARS-CoV-2. Pour faciliter sa prescription il a été mis fin à son AAP, et depuis mai 2022, Paxlovid® est disponible dans le cadre du droit commun de son autorisation de mise sur le marché (AMM).
En décembre 2022, les modalités de prescription de Paxlovid® ont à nouveau évolué et désormais une ordonnance de dispensation conditionnelle peut être remise au patient en prévention d’une possible infection. La dispensation du médicament est alors conditionnée à la présentation d’un test Covid-19 positif réalisé dans les 5 jours suivant les premiers symptômes, avec la nécessité toutefois de s’assurer qu’entre la prescription et la dispensation, aucun élément nouveau pouvant constituer une contre-indication à son utilisation ne soit apparu (changement de l’état de santé du patient ou introduction d’un nouveau médicament…).
Pour rappel, Paxlovid® est un médicament antiviral indiqué dans le traitement des patients adultes atteints de la Covid-19 ne nécessitant pas d’oxygénothérapie et à risque élevé de développer une forme grave de la maladie :
- les patients atteints d’immunodépression sévère, d’obésité morbide, de trisomie 21 ou d’une pathologie à haut risque de forme grave, quels que soient l’âge et le statut vaccinal,
- les patients de plus de 65 ans présentant des facteurs de risque de développer des formes graves (diabète, obésité, insuffisance cardiaque…), en particulier s’ils ne sont pas ou incomplètement vaccinés.
Ce traitement ne peut être administré qu’aux personnes positives à la Covid-19 et au plus tard dans les 5 jours suivant les premiers symptômes.
Cette spécialité est une association de 2 molécules, le nirmatrelvir et le ritonavir, à prendre ensemble par voie orale toutes les 12 heures pendant 5 jours.
Le nirmatrelvir est un inhibiteur de la protéase 3C-like, une enzyme indispensable à la réplication du Sars-CoV-2. Il agit donc en réduisant la multiplication du virus. C’est l’élément principalement actif du médicament.
Le ritonavir, quant à lui, est un inhibiteur des enzymes hépatiques. Associé en faible quantité au nirmatrelvir, il ralentit le métabolisme de ce dernier, c’est-à-dire sa dégradation par les enzymes du foie. Ainsi, augmentant la biodisponibilité du nirmatrelvir (dont la demi-vie est assez courte), il maintient son activité sur une plus longue durée.
Le ritonavir est un puissant inhibiteur de l’enzyme CYP3A4, enzyme impliquée dans le métabolisme d’un très grand nombre de médicaments. Aussi, son utilisation peut exposer à des interactions médicamenteuses significatives.
L’utilisation concomitante de Paxlovid® et de médicaments métabolisés par le CYP3A peut augmenter les concentrations plasmatiques de ces derniers et exposer les patients à des effets indésirables potentiellement graves, voire d’issue fatale.
De la même manière, l’utilisation de médicaments inhibiteurs du CYP3A4 peut entraîner un surdosage de Paxlovid® et augmenter le risque d’effets indésirables.
A l’inverse un médicament inducteur d’enzymes, en réduisant la concentration plasmatique de Paxlovid®, peut diminuer son efficacité et augmenter le risque de développer une résistance virale.
L’utilisation de Paxlovid® chez des patients polymédicalisés peut donc présenter un risque majeur et les prescripteurs sont invités à être particulièrement vigilants et à se référer à la liste des principales interactions médicamenteuses avec Paxlovid® établie par la Société Française de Pharmacologie et de Thérapeutique (SFPT).
Depuis sa mise sur le marché, le suivi de l’utilisation du Paxlovid® a permis d’identifier quelques effets indésirables inattendus, dont certains cas graves.
Les principaux effets indésirables observés sont des affections du système nerveux (dysgueusie, céphalées) ou des affections gastro-intestinales (diarrhées, vomissements, nausées, douleurs abdominales). L’Agence nationale du médicament estime que les données de pharmacovigilance recueillies confirment le profil de sécurité d’emploi du Paxlovid® et qu’elles ne modifient pas son rapport bénéfice/risque.
Il est rappelé que le Paxlovid® ne doit pas être administré aux patients souffrant d’insuffisances hépatiques ou rénales sévères.
Par manque de données, il n’est pas recommandé pendant la grossesse ou chez les femmes en âge de procréer n’utilisant pas de contraception.
Le ritonavir peut réduire l’efficacité des contraceptifs hormonaux combinés, aussi il est conseillé aux femmes utilisant ce type de contraception de mettre en place une méthode contraceptive alternative supplémentaire en cas de traitement par Paxlovid®.
En savoir plus :
Principales interactions médicamenteuses avec le nirmatrelvir/ritonavir et propositions thérapeutiques (Société Française de Pharmacologie et de Thérapeutique)
Qu’est-ce que le Paxlovid ? (Société Française de Pharmacologie et de Thérapeutique)
Tableau des principales interactions médicamenteuses
Traitement par Paxlovid : réponse rapide dans le cadre de la Covid-19 (fiche HAS)