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Prise de poids sous antipsychotiques

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La prise de poids au cours d’un traitement antipsychotique est un effet indésirable très fréquent. Cela concerne de 15 à 72 % des patients traités[1]. Cette prise de poids, parfois très importante pouvant aller jusqu’à 30 à 40 kg, est associée à une augmentation du risque de syndrome métabolique, de diabète de type 2, de dyslipidémie, de stéatose hépatique, et de troubles cardiovasculaires[2].

Si tous les antipsychotiques sont pourvoyeurs de prise de poids, ce risque est particulièrement élevé avec OLANZAPINE et CLOZAPINE, intermédiaire avec QUETIAPINE et RISPERIDONE, et faible avec ARIPIPRAZOLE et AMISULPRIDE[3]. Chez les patients naïfs d’antipsychotiques, c’est-à-dire n’ayant jamais été traités par un antipsychotique, la prise de poids est fréquemment observée au cours des premières semaines de traitement. Les principaux facteurs de risque identifiés sont le jeune âge, un faible IMC initial et le sexe féminin[4]. La prise de poids peut cependant survenir tout au long du traitement, le principal facteur prédictif étant une prise de poids de plus de 5 % du poids initial durant le premier mois de traitement[5]. De plus, un effet dose-dépendant a été observé lors de la prise de certains antipsychotiques, notamment OLANZAPINE[2]. Le mécanisme de cet effet serait en lien avec les effets antagonistes vis-à-vis des récepteurs sérotoninergiques 5HT2c et histaminiques H1, impliqués dans la régulation de la prise alimentaire et pour lesquels OLANZAPINE et CLOZAPINE présentent une forte affinité, ce qui pourrait expliquer la prise de poids[3].

Il est donc important de prendre en compte ces possibles effets indésirables lors du choix de l’antipsychotique pour traiter un premier épisode psychotique, et de les prévenir avec une surveillance adaptée, telle que recommandée au niveau national par l’ANSM[6] :

  • Avant le traitement : une recherche des facteurs de risque cardiovasculaire avec mesure de l’IMC, et du périmètre ombilical, pression artérielle, bilan lipidique, glycémie à jeun ;
  • A 1 mois, 3 mois, puis trimestriellement : suivi de l’IMC ;
  • A 3 mois puis annuellement : pression artérielle, bilan lipidique, glycémie à jeun.

En cas de prise de poids sous antipsychotiques, les stratégies envisageables incluent :

  • Des mesures hygiéno-diététiques (activité physique et équilibrage alimentaire) ;
  • Un switch vers un antipsychotique faiblement pourvoyeur de prise de poids.

Ces stratégies permettent une diminution du poids de 2 à 3,5 kg et une réduction de l’IMC de l’ordre de 1 kg/m2 sur des durées comprises entre 3 et 18 mois. Leur intérêt reste donc modeste en cas d’obésité installée suite à une prise de poids massive sous antipsychotique. Elles permettent toutefois de limiter la prise de poids importante en début de traitement. La diminution des doses ou l’interruption du traitement n’est pas associée à une amélioration significative et expose le patient à un risque de décompensation psychotique[4].

Par ailleurs, plusieurs sociétés savantes et institutions proposent l’ajout de METFORMINE[4],[7],[8],[9]ou l’ajout d’ARIPIPRAZOLE chez des patients traités par CLOZAPINE ou OLANZAPINE[4], mais cela ne figure pas dans les recommandations françaises. D’autres interventions, telles que l’ajout d’agonistes GLP-1 donnent des résultats encourageants mais ils doivent encore être confirmés par des études de plus grande ampleur[10].

En conclusion, les antipsychotiques induisent fréquemment une prise de poids pouvant être très importante en particulier en début de traitement chez les sujets de faible IMC, de sexe féminin et d’âge jeune. Il est important de suivre leur IMC au cours des premières semaines/mois de traitement. En cas de prise de poids significative, des mesures hygiéno-diététiques et un switch vers un antipsychotique moins pourvoyeur de prise de poids peuvent être envisagés.

 

[1] https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/19682863/  

[2] https://ajp.psychiatryonline.org/doi/10.1176/appi.ajp.20230922

[3] https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/27147592/

[4] https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC9810014/

[5] https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/26646038/

[6] https://ansm.sante.fr/uploads/2021/01/07/map-antipsychotiques.pdf

[7] https://obesitycanada.ca/wp-content/uploads/2022/10/Pharmacotherapy-CPG-2022_final.pdf

[8] https://www.oxfordhealthformulary.nhs.uk/docs/Guidelines%20for%20the%20use%20of%20metformin%20in%20antipsychotic%20induced%20weight%20gain%20Oct%202013.pdf?UID=2099763632017516114958

[9] https://www.ranzcp.org/clinical-guidelines-publications/clinical-guidelines-publications-library/schizophrenia-cpg

[10] https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/38161305/

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