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AINS : règles à respecter pour réduire le risque de complications infectieuses graves

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Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), prescrits ou utilisés en automédication en cas de douleur ou de fièvre, sont des médicaments de consommation très courante.

Pourtant, lorsqu’ils sont pris pour de la fièvre ou en cas de douleur dans certaines infections bactériennes débutantes cutanées ou pulmonaires, ils peuvent entrainer des complications infectieuses graves.

Afin de déterminer si ces complications infectieuses étaient favorisées par la prise de l’AINS ou si elles relevaient uniquement de l’évolution de l’infection, une enquête de pharmacovigilance nationale a été réalisée. Cette enquête, lancée en juin 2018, s’est concentrée sur les deux AINS les plus consommés : l’ibuprofène et le kétoprofène.

L’investigation a porté sur les cas les plus graves signalés depuis l’année 2000 chez des enfants et des adultes sans facteur de risque. Il a été analysé 386 cas d’infections sévères de la peau et des tissus mous, de sepsis, d’infections pleuro-pulmonaires, d’infections neurologiques ou ORL (337 cas avec l’ibuprofène et 49 cas avec le kétoprofène). Ces infections ont été à l’origine d’hospitalisation, de séquelles ou encore de décès.

L’analyse a montré que ces complications infectieuses (essentiellement à Streptocoque ou à Pneumocoque) survenaient 2 à 3 jours seulement après la prise d’AINS, y compris lors de la prise concomitante d’une antibiothérapie. Les AINS étaient pris pour traiter une fièvre mais aussi pour de nombreuses autres raisons (atteintes cutanées bénignes d’aspect inflammatoire comme des piqûres d’insecte ou de réactions locales inflammatoires, des manifestations respiratoires ou ORL…).

Un usage persistant des AINS en cas de varicelle a également été constaté. Or, les AINS sont connus depuis quelques années comme pouvant entrainer des complications cutanées bactériennes graves lors de leur utilisation au cours de cette pathologie infectieuse. Dès 2004, les autorités de santé avaient ainsi indiqué que les AINS doivent être évités chez l’enfant en cas de varicelle.

De plus, les études expérimentales (in vitro et in vivo) ainsi que des études publiées de pharmaco-épidémiologie suggèrent toutes l’existence d’un lien entre les AINS et ces complications infectieuses graves. Les résultats de cette enquête ont été partagés au niveau européen afin d’initier une analyse collective.

Ainsi, les différentes données disponibles sont en faveur du rôle aggravant de l’ibuprofène (et probablement du kétoprofène) pris pour la fièvre ou la douleur dans certaines infections bactériennes débutantes cutanées ou pulmonaires, si le germe en cause est un Streptocoque pyogenes ou un Pneumocoque.

 


Il convient de rappeler aux patients et aux professionnels de santé :

1. De privilégier l’utilisation du paracétamol en cas de douleur ou de fièvre, notamment dans un contexte d’infection courante comme une angine, une rhinopharyngite, une otite, une toux, une infection pulmonaire, une lésion cutanée ou la varicelle, en particulier en automédication.

2. D’appliquer les règles du bon usage des AINS en cas de douleur et/ou fièvre :

  • Prescrire et utiliser les AINS à la dose minimale efficace, pendant la durée la plus courte
  • Arrêter le traitement dès la disparition des symptômes
  • Ne pas prolonger le traitement au-delà de 3 jours en cas de fièvre
  • Ne pas prolonger le traitement au-delà de 5 jours en cas de douleur
  • Ne pas prendre deux médicaments AINS en même temps
  • Éviter les AINS en cas de varicelle

 

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