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Les sialadénites induites par les produits de contraste iodés : un effet indésirable rare mais à savoir reconnaître

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Les sialadénites post-injection de produit de contraste iodé, aussi appelées "iodine mumps", sont des effets indésirables rares mais bien documentés dans la littérature. Bien que souvent bénigne et autolimitée, cette pathologie mérite l’attention des cliniciens et des radiologues afin d’éviter des diagnostics erronés, des traitements inappropriés, ainsi que des inquiétudes inutiles pour les patients.

La sialadénite liée à l’iode est une inflammation aiguë des glandes salivaires apparaissant généralement après l’administration intraveineuse de produit de contraste iodé. Sa physiopathologie demeure incomplètement élucidée. Contrairement aux réactions allergiques médiées par les IgE, cette entité semble correspondre à une pseudo-réaction allergique : l’iode se concentrerait de façon importante dans les glandes salivaires, entraînant une toxicité locale se manifestant par un œdème des canaux salivaires. Cette accumulation pourrait provoquer une obstruction transitoire des canaux, menant à une tuméfaction glandulaire douloureuse.

Les glandes sous-maxillaires sont les plus souvent atteintes, suivies des glandes parotides. Dans environ un quart des cas, les deux sont concernées simultanément. La tuméfaction est généralement bilatérale mais peut être unilatérale. Les symptômes apparaissent typiquement entre quelques heures et cinq jours après l’exposition au produit de contraste, avec un pic médian autour de 16 heures. La durée des symptômes est en moyenne de trois jours, mais peut aller jusqu’à 72 jours dans les cas extrêmes.

Le nombre de cas recensés reste faible, mais les auteurs estiment que l’incidence réelle pourrait atteindre 1 à 2 %, suggérant une sous-déclaration. L’analyse de 77 cas issus de 65 publications montre une prédominance masculine (61 %) et un âge médian de 63 ans. Un tiers des patients présentait une insuffisance rénale, mais celle-ci ne semble pas être un facteur prédictif majeur de la durée ou de la sévérité des symptômes. En revanche, les patients plus âgés et ceux dont les symptômes apparaissent plus tardivement sont plus susceptibles d’avoir une évolution prolongée.

Le diagnostic repose principalement sur les données cliniques et le contexte d'exposition à un produit de contraste iodé. Les examens d’imagerie peuvent aider à exclure d'autres diagnostics comme une lithiase salivaire, une infection ou une tumeur. L’échographie est l’examen le plus couramment utilisé et montre typiquement un élargissement diffus de la glande atteinte avec des zones hypoéchogènes. Le scanner ou l’IRM peuvent également objectiver l’œdème glandulaire mais ne sont pas toujours nécessaires, sauf en cas de doute diagnostique.

Le traitement est le plus souvent symptomatique. Les mesures telles que l'hydratation, les compresses chaudes, la succion de bonbons acides et l'utilisation d’antalgiques sont généralement suffisantes. Dans certains cas, des corticoïdes ou des antihistaminiques ont été administrés, mais sans bénéfice démontré dans les études. Il est important de noter que la plupart des patients récupèrent sans traitement spécifique. Par conséquent, la reconnaissance rapide de cette réaction permet d’éviter des traitements antibiotiques inutiles ou une investigation invasive.

La prophylaxie, notamment par prémédication corticoïde chez les patients ayant déjà présenté une sialadénite iodée, ne semble pas efficace. La récidive est possible en cas de nouvelle exposition, mais non systématique.

La sialadénite iodée est une réaction rare, bénigne et auto-résolutive liée à l'administration de produit de contraste iodé. Sa méconnaissance peut conduire à des erreurs diagnostiques ou thérapeutiques. Une meilleure sensibilisation des cliniciens, notamment des radiologues et des urgentistes, est essentielle pour reconnaître cette entité, rassurer les patients, et éviter des prises en charge inappropriées. L’âge avancé et un délai plus long avant l’apparition des symptômes sont associés à une durée plus longue de la symptomatologie, mais n’augurent pas de complications graves. L’approche reste donc conservatrice, centrée sur le confort du patient.

Référence :

Jiao A, Farsad K, McVinnie DW, Jahangiri Y, Morrison JJ. Characterization of Iodide-induced Sialadenitis: Meta-analysis of the Published Case Reports in the Medical Literature. Acad Radiol. 2020;27:428-435

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